Érythrée, État tortionnaire — et la politique suisse des « trois singes » 

Hier, jeudi 13 août, des représentants d'organisations suisses de défense des droits humains ainsi que le président des Verts Balthasar Glättli ont remis une pétition à la Chancellerie fédérale. Dans ce texte, 11’221 signataires appellent à une politique humaine envers les requérants d'asile en provenance d'Érythrée.  

À 13h30, le calme s’installe sur la Terrasse fédérale. Les personnes présentes portent non seulement un masque buccal, mais aussi un masque noir sur les yeux et se couvrent les oreilles avec leurs mains. « La Suisse ne veut ni voir, ni entendre, ni engager un débat honnête sur les violations des droits humains en Érythrée – État tortionnaire – et sur la misère causée par son régime d‘aide d‘urgence », déclare Katleen De Beukeleer de l'ACAT-Suisse, qui est à l’origine de cette pétition. « En appliquant aux personnes originaires d'Érythrée une pratique d'asile extrêmement dure, motivée par des considérations de politique intérieure, notre pays viole la Convention des Nations unies contre la torture. » 

Les signataires demandent à la Conseillère fédérale Karin Keller-Sutter, cheffe du Département fédéral de justice et police, une admission au moins provisoire des requérants d'asile érythréens. En outre, la Suisse devrait œuvrer en dialogue avec les autorités érythréennes afin d'apporter une amélioration substantielle de la situation des droits humains dans ce pays. Tant qu'il n'y aura pas d'améliorations fondamentales effectives dans cet État, il ne devrait pas y avoir de négociations sur un accord de réadmission avec l'Érythrée. 

De nombreuses personnes assistant à la remise de la pétition doivent elles-mêmes vivre avec les conséquences de cette politique d’asile inhumaine – soit en tant que requérants d’asile déboutés, soit en tant que bénévoles qui vivent quotidiennement des destins insupportables. « Chaque demandeur d'asile érythréen a vécu une terrible histoire », souligne TedrosEyasu du EritreanMovement of Geneva. « La situation en Érythrée demeure épouvantable. » 

Le président des Verts Balthasar Glättli appelle également à un changement rapide et cohérent de la politique d'asile : « Nous, les Verts, demandons que le Conseil fédéral s’efforce, non pas à détériorer les conditions dans lesquelles doivent vivre les réfugiés érythréens en Suisse, mais plutôt à améliorer leur situation et à leur accorder la protection dont ils ont besoin. »