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Méditation Vendredi saint 2019

 

Quoi que nous fassions,
nous gardons notre dignité

 

 
 

La dignité humaine peut être abordée de différentes façons. Et à la manière du bourgeois gentilhomme de Molière qui fait de la prose sans le savoir, nous avons tous quelque part une notion de la dignité humaine. Car nous sommes tous des êtres humains. Le philosophe Emmanuel Kant a distingué deux formes de connaissance : une connaissance sur les choses et une connaissance sur les êtres humains. Un objet peut être choisi, acheté et manipulé pour un but, des objectifs précis. Cependant, un être humain ne peut pas être utilisé pour un besoin particulier. Je ne peux acheter une personne pour une tâche précise, ou alors je l’exploite et j’en fais d’elle mon esclave. Une personne humaine ne peut être « chosifiée ». Ce principe philosophique de base est beaucoup repris dans les débats et la recherche en éthique. Il existe ainsi une dignité ontologique (une dignité au niveau de l’essence de l’être humain) de toute personne humaine.


Que nous dit la Bible concernant le thème de la dignité humaine ? Ce thème traverse toute la Bible. Il est au cœur de la relation que Dieu veut établir avec les êtres humains. Dieu veut faire alliance avec les femmes et les hommes. On ne fait pas alliance avec une chose, un objet ! Dans toute la Bible, Dieu ne cesse de proposer son alliance aux êtres humains qu’il a créés.
Aux yeux de Dieu, l’être humain n’est d’aucune manière un objet qu’Il pourrait manipuler à sa guise. Dans le récit de la Genèse, Dieu confie ainsi à Adam la tâche de nommer tous les êtres vivants qui peuplent la terre et les mers. Un objet ne peut remplir cette fonction !


Mais un récit bien connu nous montre bien à quel point tout être humain compte aux yeux de Dieu. Pensons à la tragique histoire célèbre d’Abel et Caïn. Quelle est la réaction de Dieu après le meurtre d’Abel par son frère ?
« Où est ton frère Abel ? – Je ne sais, répondit-il. Suis-je le gardien de mon frère ?  Qu’as-tu fait ? reprit-il. La voix du sang de ton frère crie du sol vers moi. […] » (Genèse, 4, 9-10, traduction de la Traduction œcuménique de la Bible)


Dieu entre en dialogue avec Caïn, le meurtrier. Il le met face à la responsabilité de ses actes, mais le renvoie aussi à la relation qu’il entretenait avec Abel, qui était son frère. Aux yeux de Dieu, Caïn est d’abord le frère d’Abel. Il condamne certes très fermement son acte, mais le considère toujours comme un être humain à part entière.
« Le Seigneur mit un signe sur Caïn pour que personne en le rencontrant ne le frappe. » (Genèse 4, 15, traduction de la TOB).


Dieu ne fait pas périr Caïn. Il le protège même de ceux qui voudraient répondre au mal par le mal. Caïn, tout meurtrier qu’il soit, garde sa dignité d’être humain.


La dignité de tout être humain est le fruit de l’amour que Dieu voue à chaque personne humaine. Notre Père nous appelle et nous connaît chacun par notre nom. Le nom est constitutif de l’identité d’une personne humaine.


La dignité humaine ne peut pas se mesurer, ni se quantifier. Elle est constitutive de notre être ontologique et ne se laisse ainsi pas entamer par nos actes. Quoi que nous fassions, nous gardons notre dignité. Les pires criminels gardent au fond d’eux-mêmes une part d’humanité. Les personnes atteintes de démence sénile, les handicapés physiques ou mentaux, les clochards, les drogués jugés irrécupérables, les schizophrènes les plus atteints : tous restent dignes ! Ils sont des êtres humains à part entière, comme chacun d’entre nous.


Dans les évangiles, Jésus annonce en priorité la Bonne Nouvelle aux pauvres. Les pauvres désignent toutes les personnes de petite condition, mais encore les personnes exclues, marginalisées, isolées ou des femmes et des hommes malades ou des gens qui ne sont pas bien considérés par la société de l’époque comme les publicains et les collecteurs d’impôt. Nous trouvons beaucoup de récits où Jésus va vers eux, les regarde et amorce un dialogue avec eux. Jésus relève toute cette foule de pauvres : il veut leur redonner leur dignité d’êtres humains ! Ces récits sont extrêmement saisissants quand Jésus s’approche de lépreux ou de personnes possédées par des démons et les guérit. La lèpre représentait à l’époque une source de peur et d’horreur. Jésus, pris de compassion pour les lépreux, porte un regard de miséricorde sur eux et s’attache à les restaurer, à les faire renaître dans leur dignité ontologique.


Les pauvres ne sont pas toujours ceux auxquels on pense ! Tout le monde peut devenir pauvre, car, au regard de la société, on peut tous être déchu de notre dignité d’être humain. Prenons le récit connu du riche Zachée (Luc 19, 1-10) :


Zachée est un notable, un personnage sûrement très important et très connu dans sa ville, Jéricho. Il est riche matériellement, mais, en fait, pauvre, parce que déconsidéré par ses propres concitoyens. En effet, les collecteurs d’impôts étaient très mal vus du temps de Jésus. Ils travaillaient pour l’occupant romain et étaient ainsi regardés comme « impurs ». Très mal payés, ils se rattrapaient sur les impôts qu’ils collectaient pour les autorités romaines. Ils s’enrichissaient ainsi sur le dos de leurs compatriotes. Les collecteurs d’impôts comme Zachée sont ainsi rejetés et isolés : personne ne veut avoir de contact avec eux. On peut supposer que Zachée devait souffrir de cette situation. Sa richesse ne lui apporte aucun avantage, si ce n’est matérielle. Sa réputation est celle d’un homme malhonnête, voire d’un être corrompu. Dans ces conditions, il n’est pas exagéré de penser qu’il ait pu perdre toute estime de lui-même et perdre tout sentiment de dignité ! Jésus prend la peine de s’arrêter et de porter son regard sur cet homme. Il l’interpelle et s’adresse à lui comme un à un être humain digne de considération. Dans ce récit, Jésus redonne toute sa dignité à Zachée. Ce dernier, qui était en recherche, en quête de chemin pour une vie meilleure, ouvre son cœur, se convertit et de pauvre intérieurement qu’il était, devient riche en s’ouvrant aux autres et en décidant de partager ses ressources matérielles. Le récit se termine par le rappel de la mission de Jésus : chercher et sauver ceux qui sont perdus.


Michael Steck, membre du Comité de l’ACAT-Suisse

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