Communiqué de presse : Vendredi saint 2018

 
 
 

Berne, le 3 mars 2018 – Cette année, l’ACAT-Suisse consacre sa campagne du Vendredi saint à la problématique de l’acceptation de la torture lorsque celle-ci est présentée comme un moyen d’obtenir des informations. Une tendance qui frappe même nos démocraties. Le Canada vient de s’en faire l’exemple.

 

L’an dernier, le Canada a adopté une nouvelle directive visant à  «éviter la complicité dans les cas de mauvais traitements par des entités étrangères». Ce texte interdit aux autorités de sécurité canadiennes d’utiliser des informations émanant d’instances étrangères qui pourraient avoir été obtenues par la torture ou des mauvais traitements.

 

Si cette directive constitue une prise de position claire contre la torture, elle contient toutefois une exception délicate : « L’information vraisemblablement obtenue à la suite de mauvais traite- ments ne pourrait pas être utilisée pour priver une personne de ses droits ou libertés, exception faite des cas où [un responsable d’une autorité canadienne compétente] autorise l’utilisation de cette information, qu’il juge nécessaire pour éviter des pertes de vie ou des sévices graves à la personne. »

 

Cette exception repose sur le scénario fictif de la bombe à retardement, où la torture est présentée comme le seul moyen de sauver des vies humaines. Elle contredit l’interdiction absolue de la torture établie par le droit international contraignant, telle qu’exprimée dans la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants, ratifiée par le Canada. En outre, elle signifie aux services étrangers que l’extorsion de renseignements par la violence peut être légitime et que les informations ainsi obtenues trouveront preneur. Dans le pire des cas, on pourrait voir se créer un marché aux informations obtenues par la torture ou des mauvais traitements.

 

Avec le soutien de l’ACAT-Canada, nous adressons donc une pétition aux autorités canadiennes pour leur demander de protéger le caractère absolu de l’interdiction de la torture et de n’utiliser en aucune circonstance des informations obtenues par la torture ou des mauvais traitements.

 

 

De plus amples informations sur la campagne et des feuilles de signatures sont disponibles sur : www.acat.ch/fr/agir/relayer_les_campagnes/vendredi_saint/. La torture dans les démocraties fait aussi l’objet d’un dossier thématique dans notre prochaine acatnews.

 

L’ACAT-Suisse (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture) est une organisation de défense des droits humains fondée en 1981. Elle s’engage pour l’abolition mondiale de la torture et de la peine de mort par le biais de campagnes, de lettres d’intervention et d’actions de sensibilisation, et intervient dans des cas d’incarcération arbitraire et de procès inéquitable.

 


La récolte de signatures a cours jusqu’au 22 mai 2018.

 

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Contact : Sophie Kreutzberg, chargée de campagne au sein de l’ACAT-Suisse

E-mail : s.kreutzberg@acat.ch, tél. 031 312 20 44

 

Photo banière © TSgt Michael R. Holzworth